Loïssa

« Je suis arrivée en France, complètement perdue. J’étais enceinte et ne connaissais personne. Je n’étais pas préparée à cette situation. Être accueillie dans Rail m’a apporté la paix du coeur quand j’étais dans le stress et la fatigue des papiers et des problèmes de logement. J’ai été accueillie dans 4 familles différentes et je me suis toujours sentie en sécurité, sans jugement ou rejet. Quand j’ai eu une place en CADA, c’était à Beauvais. Les contacts que j’ai gardés avec les familles m’ont aidé à garder espoir, à avoir confiance dans l’avenir. Aujourd’hui, j’ai des papiers, je suis revenue sur Lille avec ma fille et je fais une formation d’aide-soignante. Je n’aurais pas pu réussir comme ça si j’avais été seule.

Gilles

« Mon engagement dans RAIL est le fruit d’un parcours qui a débuté lorsque j’ai pris conscience des inégalités Nord/Sud lors d’un voyage au Burkina-Faso. Les différences de traitement par l’administration, les différences de vie m’ont heurté. Les règles qui régissent les rapports entre pays pauvres te pays riches sont établies par ces derniers et à leur bénéfice. Et les migrations découlent en partie de cet état de fait. Mon engagement s’est concrétisé, lorsque nous avons reçu des amis qui accueillaient une jeune centrafricaine par JRS. Après quelques recherches, j’ai découvert RAIL. Je n’avais pas d’appréhensions particulières et le premier accueil a été très facile. L’encadrement mené par l’équipe de coordination de RAIL est très humain tout en étant très professionnel. Le choix de la personne accueillie comme celui de la famille qui héberge sont très réfléchis. Et d’autres associations prennent le relais pour les questions de santé, de démarches administratives ou juridiques. Nous ne sommes jamais seuls dans un face-à-face avec le migrant. Le point important à mon sens est dans la distance de relation avec la personne accueillie. Parfois, le jeune est curieux, pose maintes questions, entre facilement dans les échanges et dans le débat. Parfois, au contraire, la personne est épuisée et à besoin de se poser et de se retrouver. Accueillir un demandeur d’asile pour 1 mois, c’est, à mon échelle, lutter m’opposer à un ordre du monde injuste.

Karine

« J’accueille dans le  RAIL depuis neuf ans. Le RAIL, c’est d’abord, une grand famille, la famille des hébergeurs, une famille où le lien, le partage et le soutien est assuré en particulier par les coordinateurs, un rôle essentiel qui permet d’être relié et d’accueillir en lien avec d’autres les personnes qui sont souvent marquées par la rupture de leur lien. Le départ, pour des raisons différentes, les amène  parfois  à se retrouver sans plus aucun contact avec leurs proches pendant des mois, voire des années.

L’accueil est avant tout une rencontre d’une personne avec son histoire, sa manière de vivre, ses coutumes, sa façon de voir le monde qui m’amène à m’ouvrir et à enrichir la manière dont je vois le monde. C’est aussi un partage. L’un des souvenirs les plus touchants pour moi. Celui de Hope, restée deux semaines à la maison, alors qu’elle était enceinte de six mois et dont nous étions sans nouvelles après un départ précipité pour des raisons administratives, qui m’a appelé d’Italie où elle avait retrouvé son compagnon, pour me dire que sa petite fille était née. »

Djibril

Je suis arrivé à Lille en novembre 2016. J’ai dormi un mois à la rue, puis, Ozanam m’a mis en contact avec Rail. Je suis resté 2 fois un mois, dans deux familles différentes. Cette étape a été déterminante dans mon parcours. Quand je suis arrivé dans la première famille, j’étais très fatigué, faible et découragé. Je ne connaissais pas la France et tout était étrange pour moi. Seul, à la rue, tu ne peux rien faire, tu ne peux pas préparer ton avenir. Grâce à Rail et aux familles qui m’ont accueilli, j’ai pu me poser, prendre le temps de comprendre la culture française, de savoir comment on vit. Rail m’a ouvert les portes d’autres associations qui m’ont aidé dans mes démarches et m’a aussi permis de me construire des réseaux pour le travail. Maintenant, j’ai deux diplômes et un empli stable. Et même si l’asile m’a été refusé, j’ai une carte de séjour en règle.